Recherche / S(t)imuler l’adaptation des forestiers aux changements climatiques


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Résultats des parties “Recherche” jouées en 2019

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L’équipe


Foster Forest est un jeu sérieux créé pour simuler et stimuler l’adaptation aux changements climatiques des forestiers, et plus particulièrement des adaptations non-techniques (ex : économiques, organisationnelles). Foster Forest consiste en un atelier d’une demi-journée, réunissant des propriétaires privés, un(e) agent de l’ONF, un(e) élu(e) municipal(e) et un(e) gestionnaire d’espace naturel protégé autour d’une simulation informatique d’un massif forestier. Durant l’atelier, chacun des joueurs devra prendre des décisions de gestion forestière, dans un contexte où chaque nouveau tour de jeu est le théâtre de dérèglements climatiques très forts (difficultés de régénération, sécheresses). Foster Forest s’intéresse à la manière dont les participants diversifient ou pas leur gestion forestière : est-ce à l’échelle de leurs propres parcelles, du massif entier ? Est-ce individuellement, en tentant de modifier les politiques publiques, les marchés de bois ou de carbone, ou en mettant en place d’autres types d’actions collectives ?

Au total, neuf sessions de l’atelier Foster Forest ont eu lieu entre début mai et fin juillet 2019. Elles ont eu lieu dans les massifs forestiers indiqués sur la carte ci-après (deux parties ont eu lieu dans les Pyrénées).

Foster-Forest_Carte

Chaque partie a présenté des spécificités, qui ont fortement dépendu des participants. Toutefois, des grandes tendances ont pu se détacher de l’ensemble des sessions jouées, et de leur comparaison.

Principaux résultats

L’analyse des sessions de jeu s’est fondée sur le visionnage et l’écoute des enregistrements des parties, et largement sur le contenu des débriefs suivant chaque partie. Les ateliers ont confirmé les résultats d’études préalablement menées par Timothée Fouqueray, créateur du jeu.

Dans les échanges des participants entre eux, les changements climatiques sont bien identifiés comme un facteur de risque pour la gestion des forêts privées et publiques en France. Cependant, ces changements sont une préoccupation moins « urgente » que le déséquilibre forêt-gibier et la pression sociale (refus des coupes). La pression sociale a surtout été mentionnée dans les régions à fort enjeux paysager (ex : site UNESCO de la chaîne des Puys, en Auvergne). Durant une session, des participants sont allés jusqu’à proposer la mise en place d’un programme de sensibilisation des habitants à la gestion forestière, afin d’éviter des frictions relatives à la récolte de bois.

Le jeu était néanmoins conçu pour facilement atteindre un équilibre sylvo-cynégétique satisfaisant, et se focaliser sur les problèmes climatiques. Pour cela, la plupart des participants ont modifié leur gestion forestière à l’instar de ce qui se fait « dans la vraie vie », en diminuant la densité des parcelles grâce à des éclaircies fortes et en favorisant les essences les moins sensibles à la sécheresse lors des phases de régénération, chêne sessile en tête. Ceci étant, le scénario climatique très fort du jeu ne permettait pas non plus aux participants d’enrayer la perte de capital sur pied, même en mettant en place les adaptations sylvicoles détaillées ci-dessus. Plutôt que de vouloir surmonter les aléas climatiques (parasites, tempêtes, sécheresses), certains participants ont alors privilégié une approche « résiliente », dans laquelle les parcelles atteintes sont tout de même capables de continuer à produire du bois après un problème climatique. Ces participants ont mis en œuvre une gestion forestière basée sur le mélange d’essences et d’âges.

Au-delà de la confirmation de ces résultats, les sessions Foster Forest ont apporté de nouveaux éclairages sur l’adaptation aux changements climatiques en forêt française. Même si elles étaient rares, des adaptations non-techniques ont été proposées. En particulier, les contrats de conservation d’îlots de sénescence ont été vus comme un moyen de diversifier les sources de revenus. Le but était ainsi de moins dépendre de la production de bois, fortement dépendante d’aléas climatiques. Dans la même lignée, et dans quatre sessions de jeu, des contrats pour le stockage du carbone ont été créés. Ils étaient fondés sur des obligations de moyens (souvent des itinéraires sylvicoles préservant le sol et comprenant des clauses biodiversité), et non pas de résultats, afin de tenir compte des incertitudes du scénario climatique. Cette innovation a principalement émané des joueurs ayant un rôle « non-forestier » (élus et gestionnaires d’espaces naturels), dont la mission de maintien de la qualité de l’eau ou de création d’un réseau écologique impliquait une vision à de grandes échelles spatiales.